- Parlons du remplacement de la valve aortique chez les patients âgés. Vous avez une très grande expérience, vous avez publié une série de 493 patients âgés consécutifs chez qui vous avez effectué un remplacement valvulaire aortique. Chez la moitié de ces patients, vous avez également effectué un pontage aorto-coronarien (PAC), soit à proximité de l'opération de remplacement de la valve aortique, soit en même temps. Et il s'agit de patients âgés de plus de 80 ans. Qu'avez-vous appris de votre très grande expérience en matière de chirurgie cardiaque chez les patients âgés ? Quelle est la meilleure façon, comment abordez-vous dans votre pratique le remplacement de la valve aortique chez les patients âgés, de plus de 80 ans ? Tout d'abord, il faut faire la différence entre l'âge biologique et l'âge numérique, car il y a des patients qui sont biologiquement beaucoup plus jeunes et qui sont plus aptes à subir une opération cardiaque. Deuxièmement, il faut toujours écouter le patient. Si le patient dit "Je suis trop vieux, ce n'est pas pour moi", ne le forcez pas à subir une opération. Le patient doit vouloir cette opération, et il doit suivre les recommandations, ce qu'il doit faire après l'opération. Il doit tousser, il doit respirer. Il doit se mobiliser. C'est ainsi que nous pouvons obtenir un résultat adéquat. Il faut donc écouter le patient. Par ailleurs, nous devons tenir compte des facteurs de risque. Ainsi, si un patient a près de 90 ans, qu'il a déjà été opéré, que son débit cardiaque est faible, qu'il souffre d'une maladie rénale, la chirurgie n'est peut-être pas la solution adéquate pour lui. Mais nous avons la chance, pour les patients qui ne peuvent pas être opérés par la chirurgie conventionnelle, de disposer de la technique dite TAVI (transcatheter aortic valve implantation), qui permet de placer un cathéter dans l'aine et d'introduire la valve dans l'anneau aortique du patient. Nous pouvons ensuite remplacer la valve sans avoir à procéder à une opération régulière, en procédant simplement par cathéter. C'est ce qui se passe actuellement en Allemagne. Environ 50 % des patients sont opérés par intervention TAVI et l'autre moitié bénéficie d'une procédure conventionnelle. Les patients de plus de 80 ans doivent donc prendre une décision car, comme vous le savez, en Allemagne, un homme de 80 ans a une espérance de vie de 6,9 ans et une femme d'environ 8 ans. S'ils ne subissent pas cette opération, ils perdront plusieurs années de qualité de vie.
- C'est donc très important. Ce n'est pas seulement une question d'âge biologique, mais aussi une question d'aptitude du patient et de désir psychologique de se faire opérer et d'avoir une meilleure qualité de vie.
- Absolument !
- Nous disposons de ce que l'on appelle l'indice de fragilité, qui mesure la capacité du patient à survivre à une telle opération et son niveau de forme physique, ce qui est très important.